vendredi 25 juillet 2008

Riposte graduée à l'anglaise ?


Lu ce matin dans Le Monde l'adoption en Grande-Bretagne d'une version adoucie de la riposte graduée au terme d'un accord signé Jeudi 24 Juillet par les FAI.

A noter dans cet article, la mention d'un amendement adopté lors du débat sur le Paquet Telecom et proposé par trois eurodéputés français, Guy Bono, Michel Rocard et Francis Wurtz, destiné à "éviter l'adoption de mesures allant à l'encontre des droits de l'homme, des droits civiques et des principes de proportionnalité, d'efficacité et d'effet dissuasif, telles que l'interruption de l'accès à Internet"

On n'en est pas encore aux Droits de l'Homme numérique mais on s'en rapproche...

jeudi 24 juillet 2008

Les FAI se réveillent ?


Vu ce jour dans la rubrique écran de Libé, la prise de position du patron de Free dans le dernier numéro de Capital.

Xavier Niel se positionne résolument contre cette nouvelle loi:

« nous avons d’abord envie de nous battre contre la loi Hadopi, qui crée une Haute Autorité de lutte contre le piratage sur Internet. Un organisme destiné à donner des coups de bâton sur les doigts des Français » Il poursuit : « économiquement, cela n’a aucun impact sur nous, mais certaines de ses dispositions nous paraissent liberticides. Car ce qui se dessine, en dépit de l’opposition de la Commission nationale de l’informatique et des libertés, du Conseil d’état et du parlement européen, c’est bel et bien le flicage systématique de nos abonnés. » Avant d’ajouter : « sous couvert du respect des droits d’auteur, mais demain ? »

L'article rappelle aussi la prise de position des FAI précdemment évoqué ici.

dimanche 20 juillet 2008

Logiques horizontale et verticale


Je voudrais développer ici une réponse à un billet posté sur l'excellent blog Transnets de Francis Pisani.

L'auteur y développe, au sujet des frictions entre blogs et journalisme, l'idée d'une collision entre deux logiques:
  • la logique “plate” des blogs (le tissage d’un réseaux de liens, une audience “personnalisée”, qui se construit progressivement par la conversation en commentaires, par la recommandation des uns aux autres et la diffusion de liens. Un processus dont les lecteurs sont les acteurs principaux).

  • la logique “verticale” des médias (qui arrivent sur le net en drainant derrière eux une audience qui se fédère autour de marques et de noms de vedettes, une audience qui reste très anonyme, avec peu d’interactions).
Il me semble que ces deux logiques n'embrassent pas seulement les média mais l'ensemble de la société.

Tentative de définition

On pourrait définir la logique "plate" ou horizontale par les interactions qui existent de façon libre, informelle, entre pairs. Jusque là, ce type de logique était, pour l'essentiel, limité à l'environnement proche. On peut penser au système des petites annonces locales, aux bourses aux échanges, au vide-grenier, aux S.E.L. (Systèmes d'Echanges Locaux) ou tout simplement à l'entraide de voisinage. Tant que ce type d'interactions était limité, les autorités s'en mêlaient rarement, excepté pour les SEL où le fisc y a vu parfois une perte de ressources.

Le développement du Web 2.0 et des outils coopératifs comme les blogs, wikis et autres livres, vidéos ou diaporamas en ligne démultiplient presque à l'infini les interactions possibles, et avec elles la créativité.
Elle permet, virtuellement, la mise en mouvement et la participation de quasiment l'ensemble de la société et une mise en autonomie de l'individu pour peu que celui-ci le veuille et y ait été préparé.
Cette logique horizontale peut et pourra de plus en plus se développer à l'échelle de la planète entière. C'est ce développement qui entre en collision avec la logique verticale.

La logique verticale est celle de l'autorité légale, du normé, validé, diplômé, certifié, celle aussi du hiérarchisé.

C'est celle des autorités politiques, économiques et sociales qui sont souvent des corps constitués intermédiaires représentatifs. Ils sont les rouages de nos démocraties représentatives. Des rouages qui grincent aujourd'hui face au développement de la logique horizontale, souvent perçue comme une menace, comme une perte de légitimation d'une fonction parfois chèrement acquise. On peut penser à la crispation des journalistes mais aussi celles de certains enseignants, ou même des politiques face au concept de démocratie participative.

Vertical contre Horizontal ?

Que propose Marianne Milko sur les blogs ?
Une procédure de validation/certification...

Que demandent les différents projets de contrôle du Web que l'on a évoqué précédemment ?
Normer les logiciels et services accessibles en ligne.

Donc introduire le primat de la verticalité sur la logique horizontale du web coopératif.

Evidemment, au départ, l'objectif semble toujours très bon.
Il s'agit de lutter contre la pédophilie, les atteintes à la vie privée, la diffamation, d'améliorer la qualité de l'information, de sauver la création culturelle...

Mais ne s'agit-il pas avant tout, de la part de ces corps, d'une tentative de protéger et de justifier leurs rôles d'intermédiaires ?

Des défis

Le pire n'étant jamais sûr, comment éviter la dérive en cours ?

L'élaboration d'une déclaration des Droits de l'Homme Numérique ?
Le réseau Apprendre 2.0 y réfléchit ici.

Convaincre les tenants de la verticalité que l'horizontalité n'est pas une menace mais une opportunité ? Oui mais comment ?
En réfléchissant à quoi pourrait ressembler la société issue du métissage de ces deux logiques ?

Les associations travaillant sur ce sujet comme celles mentionnées dans le billet précédent sont malheureusement souvent contraintes à une posture défensive.

samedi 19 juillet 2008

Le fichage Edvige n'a aucun rapport avec l'ordre public


Cet article paru dans le Contre journal de Libé donne la position de Jean-Pierre Dubois, président de la Ligue des Droits de l'Homme (LDH).

On y trouve aussi mention de IRIS et DELIS, deux associations qui, comme La Quadrature du Net dont on a déjà parlé, militent activement sur notre sujet.

vendredi 18 juillet 2008

L'Internet de demain, ou le retour au Minitel... chinois


Un article du site "Les Mots ont un sens" qui fait un point intéressant sur le sujet.

MAJ: L'histoire du blog satirique "93sang30" est accessible sur celui du même auteur hébergé par 20 minutes ici et ce site en parle .

mercredi 16 juillet 2008

Web collaboratif, Google et Microsoft

Il n'y a pas que les politiques qui font planer des menaces sur l'émergence du Web collaboratif.

Tout d'abord, sur cette notion, on trouvera une très bonne mise au point dans cet article d'Internet-Actu.

Comment se positionnent Google et Microsoft ?
Je choisis ces deux entreprises du fait de leur importance et de leur stratégie antagonique.

Face au développement de la "Bureautique 2.0" portée par Zoho ou Google documents par exemple, Micro$oft a pris beaucoup de retard.

Pour sauver sa position dominante acquise avec M$ Office, la stratégie est double.

D'abord se lancer enfin dans la bureautique 2.0 avec Office Live dont l'argument est de faire du web collaboratif en utilisant un "service [qui] fonctionne avec les programmes que vous connaissez déjà" (sic).

M$ joue donc à fond la carte du standard de fait.

Le 2e pan de la stratégie consiste à conserver cette position:
En opposant au standard libre Open Document son propre standard OpenXml que M$ a réussi, non sans peine et sans controverse, à faire normaliser.

En lançant une grande opération en direction des enseignants, notamment ceux responsables du B2i (brevet informatique internet) donc de la formation des futurs consommateurs.

Office 2007 Pro devient téléchargeable gratuitement pour les enseignants (mais reste payant pour les établissements et surtout pour les élèves et leur famille) et tout un environnement est mis sur pied autour du B2i avec le surprenant relais d'associations d'enseignants comme le Café pédagogique ou Projetice.

Microsoft centre donc sa stratégie sur le contrôle et la facturation des outils produisant les données.

A l'opposé, Google offre gratuitement les services et les outils comme Google Maps, Google Earth et autres (voir le Google Pack) et centre sa stratégie sur le contrôle et le traitement des données. L'utilisateur de Google est en effet souvent contraint de céder l'accès et l'utilisation des données produites ou qui transitent via son compte Google.

Avantage de Google sur Microsoft: La gratuité et l'ouverture/adaptabilité de ses outils grâce aux API. Google se rémunèrant sur le traitement, publicitaire notamment, des données.

Alors gentil Google contre méchant M$ ?

Pas si sûr car gratuité ne signifie pas liberté et ouverture.

Et force est de constater l'omniprésence de Google dans une multitude de projets tournant autour du Web coopératif interopérable et sa tendance à utiliser sa puissance financière pour éliminer les solutions libres et ouvertes au profit de ses outils propres.
Je développerai un exemple concret très prochainement.

Quelles garanties avons-nous sur la pérennité de cette gratuité, sur l'accès et le contrôle de nos données ?

lundi 14 juillet 2008

Menaces sur les blogs ?

Le rapport de Marianne Mikko, députée européenne (encore !) a fait beaucoup de bruit.

Il s'interroge sur les blogs et l'opportunité de les encadrer sur le plan législatif.

Comme d'habitude, les objectifs sont louables:
Protéger la vie privée, les droits d'auteurs, lutter contre la diffamation, le lobbying...

Mais les mesures proposées sont perçues par certains comme une tentative de contrôler la blogosphère.

Ce n'est encore qu'un rapport d'initiative qui n'exprime pas le point de vue du Parlement Européen.

Affaire à suivre.

Un article d'Agoravox sur ce sujet.

Loi Création et Internet


Si l'objectif de cette loi est louable, rien de moins que de "sauver la Culture", les moyens utilisés sont totalement disproportionnés et entrent en contradiction avec de nombreux principes démocratiques.

1/ Elle autorise des officines privées à balayer en permanence le réseau à la recherche des fraudeurs, à les identifier auprès des FAI, à centraliser les données et constituer des fichiers.

2/ Elle confie un pouvoir qui ressort de l'autorité judiciaire, dont l'indépendance est garantie par la constitution, à une "autorité administrative".

3/ Elle organise des sanctions automatiques allant jusqu'à 1 an d'interdiction de connexions au réseau pour tout un foyer même si un seul membre est responsable (sanction collective).

4/ Elle condamne sur la base de traces informatiques laissée par une adresse IP dont il revient à l'utilisateur de s'assurer, à ses frais, qu'elle n'a pas été détournée par un tiers malveillant ou mal utilisée par un habitant du foyer.

On rappellera pour conclure que les plus grands fraudeurs seront également ceux qui sauront échapper le plus efficacement à la traque...

Autant de violations des principes démocratiques fondamentaux justifiées par quoi ?
La lutte anti-terroriste ?
Non, la défense des intérêts financiers des majors de la musique et du cinéma...

Pour en savoir plus:
La quadrature du Net (Riposte graduée, un article de Libé)
Des articles de Rue 89: La Loi expliquée aux Nuls 1/3, 2/3.
Le point de vue de la fondation Terra-Nova.

dimanche 13 juillet 2008

Le "Paquet Telecom"


Je m'appuierais essentiellement sur le site La quadrature du Net qui a fait un excellent topo sur le sujet et mène une campagne active.

Le "paquet Telecom" est un projet de réforme du droit européen sur les communications électroniques.
D'après la Quadrature du Net:

" Les internautes européens pourraient se voir interdire des activités licites par des mouchards obligatoires, au nom de leur sécurité. Le droit d'utiliser un logiciel libre pour accéder à internet ne serait ainsi plus garanti. La neutralité du net, elle est aussi directement attaquée, tout comme le principe qui veut que les intermédiaires techniques n'ont pas d'obligation de surveillance a priori des contenus."

D'autres amendements évacuent de facto l'autorité judiciaire en permettant à des autorités administratives d'imposer aux fournisseurs d'accès de collaborer avec les polices privées des producteurs de contenus, notamment dans l'envoi de messages d'intimidation.

L'ensemble va plus loin que le projet français de riposte graduée, pourtant rejeté de toutes parts, y compris par le Parlement Européen le 10 avril dernier."

Imagine-t-on des milices privées (et non les forces de l'ordre) autorisées à fouiller les véhicules circulant sur une autoroute, pouvant exiger de la part de la société d'autoroute l'identité du propriétaire et faire confisquer jusqu'à un an, par une autorité administrative ad hoc (et non l'autorité judiciaire) le véhicule d'un éventuel délinquant ?

Imagine-t-on un constructeur qui imposerait un GPS qui briderait l'usage du véhicule ?

Pourtant, Lundi 7 juillet, tous les amendements dangereux dénoncés mardi 1er juillet par la Quadrature du Net et de nombreuses organisations ont été présentés au vote et adoptés.

Le vote aura lieu fin Septembre.
D'ici là, la Quadrature du Net fournira una analyse détaillée et des moyens pour agir sur vos députés européens.

Affaire à suivre.

Edvige, Big Sister is watching you


Certains auront sans doute entendu parler de notre chère Edvige, d'autres pas. Elle est entrée en vigueur le 1er Juillet dernier.

Il s'agit, je cite le décret, "de mettre en œuvre un traitement automatisé et des fichiers de données à caractère personnel intitulés EDVIGE (Exploitation documentaire et valorisation de l'information générale) ayant pour finalités, en vue d'informer le Gouvernement et les représentants de l'Etat dans les départements et collectivités :
1. De centraliser et d'analyser les informations relatives aux personnes physiques ou morales ayant sollicité, exercé ou exerçant un mandat politique, syndical ou économique ou qui jouent un rôle institutionnel, économique, social ou religieux significatif, sous condition que ces informations soient nécessaires au Gouvernement ou à ses représentants pour l'exercice de leurs responsabilités ;
2. De centraliser et d'analyser les informations relatives aux individus, groupes, organisations et personnes morales qui, en raison de leur activité individuelle ou collective, sont susceptibles de porter atteinte à l'ordre public."

Donc, si l'on comprend bien, ce ne sont pas seulement les personnes "susceptibles de porter atteinte à l'ordre public" qui sont visées mais toute personne susceptible d'exercer une citoyenneté active à laquelle tendent les programmes d'éducation civique.

C'est bien l'interprétation développée dans cet article d'Agoravox

C'est proprement hallucinant qu'un gouvernement quel qu'il soit puisse créer un tel fichier ! Et qui plus est par un simple décret ! Et dans un silence assourdissant !

La CNIL, censée nous protéger, à montré ici toutes ses limites.

Par ailleurs, un autre fichier, Périclès, est prévu par la LOPSI, loi sur la sécurité intérieure.

La loi devrait permettre, entre autre, je cite Le Monde, "à l'avenir, d'introduire dans les ordinateurs des citoyens un "cheval de Troie" informatique. Il sera possible, avec l'aval d'un juge, "sans le consentement des intéressés, d'accéder à des données informatiques, de les observer, les collecter, les enregistrer, les conserver et les transmettre, telles qu'elles s'affichent pour l'utilisateur ou telles qu'il les y introduit par saisie de caractère", et ce pendant une durée de quatre mois, renouvelable une fois. Le dispositif technique pourra être mis en place à toute heure, en s'introduisant dans tout lieu, ou via "la transmission par un réseau de communications électroniques".

Voir la réaction de la Ligue des Droits de l'Homme, celle du syndicat de la magistrature.

Un recours en annulation devant le conseil d'Etat est en cours. Voir ici.

Un site contre Edvige avec une pétition à signer.

MAJ 15/07/08:
Edvige a aussi une petite soeur, Cristina, (“Centralisation du renseignement intérieur pour la sécurité du territoire et les intérêts nationaux”), pour notre nouvelle Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), fusion des RG et de la DST. On ne sait rien de ce fichier dont on ne connaît l'existence que par la publication au J.O. du laconique "Avis favorable avec réserve" de la CNIL.

Pour plus d'infos, voir ici

Déclaration des Droits de l'Homme Numérique


Pour commencer, un petit rappel historique.

On était en 2000 et c'est l'actuel secrétaire d'Etat à la fonction publique, André Santini, pas un utopiste illuminé, qui publiait un livre blanc qui se concluait par ce texte d'un étonnante actualité: