lundi 11 août 2008

Typologie de la frontière dans l'espace numérique


Accéder sans limite aux sites et aux blogs de l'ensemble de la planète, se déplacer virtuellement tout autour du globe grâce à Google Earth par exemple, se promener dans les villes chinoises, regarder les webcams...

Tout ceci a entretenu et entretient encore l'illusion d'un espace numérique sans frontières donc libre voire incontrôlable.

Il est vrai que les frontières de l'espace numérique sont d'une tout autre nature et coïncident fort peu, pour l'instant, avec les frontières terrestres.

Comme pour la frontière terrestre, on pourrait résumer la frontière numérique à deux éléments clés:
Qui
peut entrer/sortir ? Qu'est-ce qui peut entrer/sortir ?

Dans l'espace numérique, le Qui peut se résumer à trois proposition: Un seul, un Groupe, Tout le monde.

Le Quoi va tourner autour des notions de droits de Lecture/Ecriture.

En combinant le Qui et le Quoi, on obtient ainsi 9 types de frontières numériques que l'on peut représenter sous forme de chorèmes:


On aurait pu distinguer entre lecture simple et possibilité de léchargement.
Cependant, outre le fait que de nombreux outils existent pour capturer des données non téléchargeables, l'intérêt de capturer en local des données en accès libre est de moins en moins pertinent au fur et à mesure que les possibilités d'un accès quasi-permanent au réseau se multiplient, exception faite des données disponibles pour un temps limité.

Car le temps constitue bien une dimension supplémentaire de cet espace numérique dont il faut tenir compte. Les articles du quotidien "Le Monde" par exemple sont en libre accès pendant quelques temps avant de passer en lecture réservée.

On le voit, les frontières existent bien en espace numérique mais elles coïncident rarement avec les frontières terrestres puisque que ce sont les responsables de chaque portion d'espace numérique qui en déterminent la nature.
Je décide seul de ce que je place en accès libre ou réservé, des droits que je donne pour modifier un Google Document...

D'où cette illusion de liberté totale avec ses atouts mais aussi ses excès puisque l'on est en mesure de placer en libre accès des données qui sont en accès réservé comme le font les adeptes du Peer2Peer lorsqu'ils mettent en ligne un DVD ou un logiciel. On est donc en mesure de changer le type de frontières intégrées dans les données par leurs créateurs.

Illusion de liberté car, comme on l'a dit dans le billet précédent, si cet espace est immatériel, les serveurs et les ordinateurs des hébergeurs sont bien localisés sur Terre et dépendent nécessairement de la juridiction d'un ou de plusieurs Etats.

Les Etats peuvent intervenir à plusieurs échelons:

Contre les hébergeurs, sur lesquels la pression augmente. OVH vient ainsi d'affirmer qu'il supprimera immédiatement tout site signalé comme hébergeant des contenus illégaux.

Sur les FAI, qui peuvent être contraints de filtrer en interdisant l'accès à certains sites ou de livrer l'identité qui se "cache" derrière telle adresse IP afin de se retourner contre l'usager.

Sur le "véhicule", que ce soit le bridage/filtrage intégrés dans le matériel, dans le système d'exploitation ou certains logiciels imposés.

D'où l'importance du débat actuel sur les tentatives de contrôles du Net tant à l'échelle nationale qu'européenne ou même mondiale avec l'ACTA.

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