mardi 26 août 2008

Edvige, Facebook, même combat ?

Dans la presse de ces derniers jours, deux articles sur le fichier Edvige et sa soeur Critina.

Le JDD rappelle les actions menées contre le fichier et décrit fort bien son fonctionnement et les divers questions qu'il soulève.

On apprend d'ailleurs au passage que "créé par décret du ministère de l'Intérieur le 1er juillet (...) sa mise en oeuvre a aussitôt été gelée, le temps de faire quelques ajustements techniques et de purger le contentieux administratif."

Un recours doit être déposé devant le conseil d'Etat cette semaine.

Dans la rubrique écrans de Libé, le point de vue de Vincent Dubief, avocat au barreau de Paris, souligne la contradiction qu'il y aurait entre la mobilisation contre Edvige et la tendance à livrer des parts de plus en plus large de sa privée sur Internet, notamment à travers Facebook.

Dans les deux articles, on retrouve un argumentaire classique:

1/ Ce genre de fichier n'est pas nouveau:

"En fait, Edvige n'est jamais que l'ancien fichier des RG adapté aux évolutions de la société", explique Gérard Gachet, le porte-parole de la ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie.

2/ Les internautes livrent eux-mêmes les informations collectées dans Edvige:

"... le plus souvent, les informations les plus intimes publiées sur Internet n’ont pas été révélées par quelques paparazzi en mal de scoop, ni pas d’obscures officines, mais par l’intéressé lui-même ! Ce phénomène a d’ailleurs récemment conduit le président de la Cnil, Alex Türk, à s’interroger sur le point de savoir si la vie privée n’était pas devenue une espèce en voie d’extinction à l’heure où « chacun se dévoile sans complexe sur Internet, révèle ses goûts, ses opinions politiques, ses préférences sexuelles, son réseau d’amis…"

3/ La relativisation du libre choix:

" Peut-être supporte-t-on mieux le fichage privé car dans un cas, il y a consentement, et pas dans l’autre ? Oui… mais ! Il reste en effet à prouver qu’un jeune de 15 ans qui dévoile sur un réseau social ses opinions politiques et ses préférences sexuelles est vraiment consentant au traitement de telles données parce qu’il a accepté, sans les lire, trente pages de conditions d’utilisation écrites en anglais ! N’est-ce pas aussi critiquable de se passer de consentement que de l’obtenir par la ruse ?
"

4/ La relativisation de la différence Etat/privé:

"Doit-on en arriver à la conclusion que le fichage « privé » fait moins peur car il n’émane d’aucun gouvernement ? Cela serait bien naïf de croire que les frontières des bases de données privées soient si étanches, ou que les services de renseignement ne soient pas assez professionnels pour récolter l’information de la meilleure façon qu’il soit… "


Pourtant, on ne peut mettre sur le même plan:

  • La collecte d'informations de la part d'entreprises privées et la collecte d'information par l'Etat.
  • La collecte d'informations à destination commerciale et la collecte d'information à des fins de contrôle social.
  • La divulgation volontaire d'informations personnelles à laquelle on peut mettre un terme lorsqu'on le souhaite et le piratage des données.
En mélangeant tout de la sorte, cela revient à dire que dès que l'on a adhérer à un réseau social, on accepte tacitement la suppression pure et simple de toute notion de vie privée !

Or, en démocratie numérique, .l'usager doit rester maître de ses données

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